Vendredi 24 avril 2015 à 19 h 30 au Café de la paix à Descartes

Le Champ des livres vous propose une conférence illustrée par Monsieur Gérard Ardon de l’Association des Cousins Acadiens du Poitou : l’histoire des Acadiens de 1603 à 1880, complétée par l'évocation des revendications identitaires des années 1960.

L'Acadie, première colonie française du début du XVIIe s. située au nord du golfe Saint-Laurent, prospère dès 1632 avec des colons venus essentiellement du Haut-Poitou. La colonie devient britannique en 1713, et commencent dès 1755 l'arrestation et la déportation de tous les Acadiens. Pour intégrer ceux qui sont rapatriés en France, les Physiocrates pour lesquels " toute richesse vient de la terre ", font appel au marquis Pérusse des Cars, qui prévoit un projet ambitieux de construction de 150 fermes avec granges, puits et terre défrichées, dans le secteur d'Archigny (Vienne).

Seules 58 maisons sont construites, la première en 1773. Elles sont placées par groupes le long d'une voirie rectiligne avec mares et fours à pain. Elles obéissent toutes à trois plans types. La ferme n°6 n’a pas subi de transformations majeures. Avec la ferme n°10, au village des Huit maisons, qui abrite le Musée acadien, ces deux maisons de la "ligne acadienne" retracent des exilés de la Nouvelle-France.

La province d'Acadie

L'écrivain Antonine Maillet est née en 1929 à Bouctouche, dans le Nouveau-Brunswick, au cœur de l’Acadie, cette ancienne colonie française dont les Anglais chassèrent la moitié des habitants au milieu du XVIIIe siècle. A travers son roman Pélagie-la-Charrette qui fut consacré par un prix Goncourt, Antonine Maillet célèbre l’Acadie et l’épopée du peuple acadien.

Extrait :

« Pélagie-la-Charrette, en conduisant ses bœufs vers le nord en cette année 1772-73, criait plus souvent hue ! que dia ! Et ses bœufs tiraient vers la droite.

- Vers Baltimore en Marilande.
- Déjà ils étions rendus en Marilande ?
Pas tout de suite. Auparavant il leur fallait franchir la Caroline du Nord et plus tard la Virginie, la Virginie qui en aura long à raconter au peuple en marche.

Un peuple, c’est un bien grand mot pour ces lambeaux de familles qui piaffaient et fouettaient des bœufs qui s’embourbaient de plus en plus dans les marais du Sud. Un grand mot, et pourtant…

Car en cette année-là, même le départ du clan entier des Thibodeau n’avait pas réussi à soulager les charrettes. Aussitôt de nouvelles familles, surgies des foins et des roseaux, surgies des cailloux du chemin, ma grand-foi ! Enfourchaient les ridelles et sautaient au cou de leurs parents et compères qui remontaient le continent. Des quatre horizons de la Caroline du Nord sortaient des Hébert, des Boudreau, des Ribochaud dit Robin, des Landry, mon doux séminte ! Ceux-là même qui s’étaient alliés par liens légitimes à la propre famille de Pélagie à la Grand’Prée.
- Vous me dites pas !
- C’est-i’ Dieu possible !
- Et Jean ?
- Et Pierre ?
- Et le beau grand jars de Charles-Auguste ?
… Il avait péri, le Charles-Auguste, sous un coup de mousquet anglais au moment de prendre le bois, pater noster qui es in coelis…il repose là-bas, un sauvage assure qu’il l’a lui-même mis en terre à l’entrée de la Rivière-aux-Canards, et qu’en l’absence des parents, il a marmonné des oraisons de son cru et dans sa langue, le Micmac, des prières chrétiennes tout de même, pauvre Charles-Auguste… Mais son garçon, voilà le plus jeune de ses garçons, regardez-moi ça, un beau morceau de butin, quasiment majeur, et qui a le yeux virés du bord du pays. »

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